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Les exorcismes suisses

 

 

C'est principalement par les exorcismes suisses que l'idée de la survie de Paul VI s'est répandue ; donc il est nécessaire d'en parler...

 

 

En 1975, un exorcisme défraya la chronique : celui d'Anneliese Michel, jeune allemande qui mourut un an plus tard, des suites de l'épuisement et de la malnutrition, ainsi que des tortures qui lui avaient été infligées par les démons durant de terribles épreuves qui durèrent un an, jusqu'au 30 juin 1976. Les médias rationalistes du monde entier s'empressèrent d'imputer sa mort à « l'obscurantisme moyenâgeux » des prêtres exorcistes, qui selon eux, auraient dû confier le cas à un psychiâtre (sauf qu'Anneliese était en parfaite santé mentale et que son cas ne présentait guère d'analogie avec celui d'une personne atteinte de démence... ). Les prêtres furent poursuivis devant la justice et condamnés à des peines assez légères (précisément parce que le tribunal avait honte de prononcer une sentence infondée). L'exorcisme allait devenir le plus célèbre qui fut jamais, et donner lieu à un film de mauvais goût, dont nous ne citerons pas le nom.

 

Ce que peu de gens savent - y compris parmi les catholiques - c'est que les exorcismes d'Anneliese Michel ont donné lieu à des aveux des démons : contraints par l'exorcisme, Dieu les a forcés (par l'intermédiaire de ses ministres qu'étaient le Père Alt et le Père Renz) à faire un certain nombre de révélations sur la crise de l'Église, exactement comme des malfaiteurs qui passeraient aux aveux sous la contrainte de la police. Les démons ont alors déclaré que la réforme liturgique (la nouvelle messe) était mauvaise, que les évêques trahissaient Paul VI, que les prêtres n'avaient plus la foi,etc. (Précisons que la nouvelle messe n'a pas été promulguée par le Pape Paul VI, le document de 1969 est un faux). Nous avons traduit ces révélations en français, elles sont disponibles sur internet :

 

Mais ce que l'on sait encore moins, c'est que la même année, un autre cas de possession similaire se présentait, celui de Rita Biedermann, une mère de famille suisse. Comme Anneliese Michel, cette femme était possédée non pas parce qu'elle avait commis des péchés graves tels que la divination ou la magie sous toutes ses formes, mais parce qu'elle s'était offerte en victime durant son adolescence, pour le salut des âmes. Dieu agréa son sacrifice et permit que des épreuves de plus en plus douloureuses l'accablent, sans qu'elle sache d'abord qu'elle était possédée.

 

Photographie miraculeuse : le voile de la Sainte Vierge apparaît à droite,

couvrant le prêtre exorciste en train de réciter le rituel devant la possédée

 

 

Le 14 août 1975 eut lieu à Montichiari (en Italie) l'exorcisme solennel, avec l'approbation de l'évêque du lieu, Mgr Vonderach, et plus tard avec celle de Mgr Lefebvre lui-même. Peu de temps auparavant, un simple exorcisme privé avait été pratiqué, afin d'évaluer le cas de la possédée. Le Révérend Père Fischer, qui avait été missionaire dans les Andes et chez les Indiens du Pérou - et dont la prédication en ces lieux avait été accompagnée de miracles - procéda à l'exorcisme, avec l'aide d'autres prêtres listés dans les Avertissements de l'au-delà à l'Église contemporaine, traduits de l'allemand et diffusés en France par les éditions TRC (Tout Restaurer dans le Christ ).

 

Mais qu'est-ce qu'une possession expiatoire ?

 

 

Les possessions expiatoires

 

Les cas de possessions expiatoires sont relativement nombreux dans l'histoire de l'Église, depuis Nicole de Vervins jusqu'à Antoine Gay, en passant par les possédées de Loudun. Soit dit en passant, l'article de wikipedia sur cette dernière affaire est une caricature de la mauvaise foi athée, qui ne peut trouver de manifestation plus symptomatique de sa grossière réduction naturaliste, lorsqu'elle se trouve face à des faits extraordinaires qui font affront à son intelligence. On lira utilement le Père Jean-Joseph Surin pour se laver des niaiseries de l'article en question.

 

Lors des possessions expiatoires, la victime est possédée en expiation des péchés de l'humanité, ses souffrances acquérant une valeur rédemptrice. Parfois, la possession se traduit par des aveux de la part du démon, qui devient contre son gré le prédicateur de la vérité (suprême humiliation), ses paroles sauvant malgré lui de nombreuses âmes. Tel fut le cas lors de l'exorcisme de Nicole de Vervins, qui eut lieu à Laon en 1566, et qui ne contribua pas peu à la conversion de bien des protestants dans la région. Un autre cas est celui d'Antoine Gay.

 

Lorsque de telles possessions surviennent, la condition de la délivrance du possédé est variable ; mais quels que soient les cas, tant que la condition n'est pas satisfaite, le possédé ne peut pas être délivré. Nous verrons que c'est ce qui est arrivé à Antoine Gay, aucun évêque n'ayant voulu donner son approbation épiscopale en vue d'un exorcisme public (condition de la délivrance) ; et c'est également le cas de Rita Biedermann, la possédée suisse. Dans son cas, pour qu'elle fût délivrée, il fallait qu'un évêque accordât l'imprimatur au premier ouvrage publiant les révélations (sous forme d'aveux) faits par les démons. Or, il ne fut jamais accordé, sinon très tardivement, par un évêque américain, dans les années 2000 ; ce qui ne satisfaisait pas aux conditions requises, car les révélations devaient recevoir l'imprimatur dès les premières années de leur publication, du fait qu'elles étaient publiées en pleine crise de l'Église (ce qui impliquait une urgence). Rita Biedermann demeura donc possédée jusqu'à sa mort, en 2014. Les exorcismes se poursuivirent jusqu'en 2007, puis cessèrent, car elle changea de résidence à cette date, et ses hôtes (des catholiques traditionalistes) ne croyaient pas en sa possession. Durant toutes ces années, les exorcistes ont été incapables de la délivrer, précisément parce que la condition de sa délivrance n'a jamais été satisfaite. Jusqu'en 2007, les démons n'ont cessé d'avouer que le Pape Paul VI était toujours en vie.

 

Les révélations des démons firent l'objet de plusieurs publications : les Avertissements de l'au-delà à l'Église contemporaine, l'Église en danger (de Bonaventur Meyer), et des fascicules publiés aux éditions DFT : Révélations en cours d'exorcisme. Elles cessèrent dès la fin des années 80, car le Révérend Père Fischer, confesseur de Rita Biedermann, mourut le 9 juin 1989, après s'être épuisé une dernière fois en procédant à un exorcisme ; la possédée décida alors que les aveux des démons ne seraient plus publiés, son confesseur n'étant plus là pour les contrôler.

Défense théologique des exorcismes suisses

 

Un prêtre sédévacantiste, le Père Joseph Marie (de Faverney) a déclaré à l'occasion d'un sermon que les prêtres ayant exorcisé Rita Biedermann avaient commis « un sacrilège », les accusant de « divination démoniaque » : selon lui, ils se seraient servi de l'exorcisme non aux fins de la délivrance de la possédée, mais de la satisfaction de leur curiosité. Or, comme l'a fait remarquer Saint Thomas d'Aquin dans sa Somme théologique, c'est une chose d'interroger un démon par pure curiosité en vue de connaître des informations qu'il ne nous appartient pas de découvrir (là effectivement on peut parler de divination), et c'en est une autre de procéder à un exorcisme qui implique, comme condition de délivrance du possédé, que les démons fassent tous les aveux qu'ils doivent faire selon le plan divin (comme ce fut le cas lors de l'exorcisme d'Anneliese Michel, et lors de l'exorcisme de la possédée également, mais avec la condition supplémentaire liée à l'imprimatur). Autrement dit, lorsque la condition de la délivrance de la possédée est liée aux aveux des démons, les exorcistes sont bien obligés d'interroger ces derniers : ils respectent l'esprit du rituel romain.

 

À titre de défense théologique des exorcismes suisses, voici un extrait de mon ouvrage La grande apostasie de Vatican II et le Pape en exil de Fatima (2014) :

 

En termes de mystique et de démonologie, les prêtres traditionalistes ne sont pas toujours bien meilleurs que les modernistes, car la mode des séminaires en matière de théologie est parfois plus à la « vaine science Â» qu'à la vraie piété. Comme l'ont dit les exorcismes suisses : « le monde n'a pas besoin de prêtres savants mais pieux Â» (exorcisme du 13 mai 1987). Un équilibre doit être respecté, évidemment.

 

Ainsi, les objections les plus fréquentes contre les exorcismes suisses sont les suivantes :

– le démon est père du mensonge (objection digne du dernier des laïcs)

– le prêtre n'a pas le droit de poser des questions extérieures à l'exorcisme

 

« Vous n'avez pas le droit de guérir le jour du Sabbat Â», disaient les pharisiens. Mettez les deux phrases en parallèle, c'est pareil ! Les exorcismes avaient répondu d'avance : « Dites-leur : le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat. Â» Lors des possessions expiatoires, qui sont un cas très particulier, l'exorciste peut poser des questions, à certaines conditions, dans le sens où la possession devient une Å“uvre d'expiation durant laquelle le Ciel force souvent les démons à faire des révélations importantes. Les questions ne répondront alors jamais qu'à la mission impartie par Dieu à l'exorciste et à l'âme-victime possédée. De toute façon, les exorcistes en Suisse posèrent rarement des questions, la plupart du temps ils se contentaient de répondre ceci au démon : « Ne dis que la vérité et seulement la vérité, au nom de Notre Dame de Fatima,etc. Â»

 

N.B : L'exorciste doit interroger le démon sur la cause de la possession (c'est la discipline du rituel). Suivant sa réponse (contrainte), le prêtre détermine sa manière de procéder. Si le démon répond qu'il s'agit d'une possession expiatoire et qu'il doit faire un certain nombre d'aveux, la seule manière de délivrer le possédé est de contraindre le démon à faire tous les aveux nécessaires, aussi longtemps qu'il le faut.

 

Durant les possessions expiatoires où l'ordre est donné de faire des révélations, les démons ne peuvent pas mentir sur l'essentiel, car tout se déroule dans le cadre d'une mission divine.

 

Lors d'un exorcisme du 25 mars 1978, les démons eux-mêmes ont été forcés de rappeler cette distinction entre possession coupable et non-coupable ; ils ont dû avouer que seul dans ce premier cas ils pouvaient mentir(1) : « Ã€ ceux qui vous reprochent de n'avoir pas suivi les règles du Rituale Romanum, vous pouvez répondre qu'il n'y a pas de règles sans exception. Si nous (les démons) nous trouvions dans un cas d'obsession noire, il est évident que nous ne pourrions pas dire la vérité. Si l'obsession est normalement noire, c'est-à-dire si elle est la conséquence du péché, alors, bien sûr, la normale, c'est de suivre les règles du Rituale Romanum... Â»

 

Cependant, le Rituel n'interdit pas radicalement de poser des questions. Le démon veut simplement dire, ici, qu'habituellement l'exorciste ne doit pas interroger le démon sur des questions extérieures. Toutefois, dans le cas des exorcismes suisses, l'esprit de la loi est respecté, car les questions ne sont pas destinées à satisfaire la curiosité personnelle des exorcistes, mais à mener à bien la mission d'expiation de l'âme-victime, dont les bourreaux (les démons) doivent faire des révélations qui concernent le bien de l'Église. À ce titre, citons saint Thomas d'Aquin et sa Somme théologique : « Une chose est d'interroger le démon qui vient à nous de son propre gré (et il est licite de le faire quelquefois pour le bien des autres, particulièrement quand il peut être forcé, par la puissance divine, à dire la vérité) et une autre est d'invoquer un démon afin d'acquérir des connaissances qui nous sont cachées » (Si la divination consistant à invoquer les démons est interdite, Somme théologique).

 

Les exorcistes suisses posaient rarement des questions, mais lorsqu'ils l'ont fait, c'était uniquement en vue de la délivrance de la possédée, donc en conformité avec l'esprit du droit canon, puisque dans le cas des possessions expiatoires où le démon doit faire des révélations, tant qu'il ne les a pas faites, il ne peut pas sortir. Ainsi, les exorcistes n'avaient pas pour but « d'acquérir des connaissances qui leur sont cachées Â», de satisfaire leur curiosité personnelle, mais de mener à bien l'exorcisme.

 

Un excellent exemple de possession expiatoire est celui de Nicole de Vervins, âme-victime du XVIe siècle : les démons qui l'avaient possédée durent attester de la présence du Christ dans l'Eucharistie, contre les hérésies protestantes. Les publications parues à son sujet avaient même fait l'objet de deux brefs de Saint Pie V et Grégoire XIII(2). Le pape de l'époque alla jusqu'à prier le roi de France de faire connaître ces faits prodigieux.

 

De tels cas de possession sont admis en démonologie et par les auteurs spirituels (St Alphonse de Liguori, St Léonard de Port Maurice). Voyez également l'ouvrage La Sainte Vierge et les possédés du démon, du chanoine Théodore Geiger, qui a fait l'objet des plus hautes approbations romaines et des félicitations du Saint Office.

 

Or, précisément, telles furent les paroles prononcées lors de l'exorcisme de Nicole de Vervins : « C'est la vérité. C'est le Corps de Dieu [la Sainte Eucharistie]. Je dois l'avouer, car je suis contraint à le faire. Ah ! Cela me torture de devoir l'avouer, mais je le dois. Je dois dire la vérité seulement lorsque je suis contraint à le faire. La vérité n'est pas de moi. Elle vient de mon Seigneur et Maître. J'ai pris possession de ce corps par la permission de Dieu. Â»

 

Un prêtre nous a déjà objecté, quant aux exorcismes suisses, que le démon ne pouvait prophétiser. Nous lui avons répondu qu'il ne pouvait prophétiser en tant qu'agent, mais qu'il le pouvait en tant qu'instrument. C'est ici exactement ce que nous disent les exorcismes de Nicole Aubrey : « La vérité n'est pas de moi. Elle vient de mon Seigneur et Maître. Â»

 

Les exorcismes contiennent ainsi des prophéties qui se sont réalisées, ce qui démontre leur autorité divine(3). En particulier, il y eut la fausse béatification de Jean-Paul II (et sa pseudo-canonisation) : « Par des guérisons apparentes, qui en réalité n'en sont pas, mais sont de faux miracles, il sera encore plus vénéré en tant que pape... Â» (exorcisme du 28 mars 1980).

 

Dans l'affaire des possédées de Loudun (21 septembre 1632), durant laquelle des religieuses furent possédées et obsédées suite à un sortilège d'un prêtre sacrilège et scandaleux, le coupable fut arrêté suite à l'aveu même des démons, qui dévoilèrent son nom : Urbain Grandier. Si ces révélations des démons ont pu jouer un tel rôle dans l'enquête ecclésiastique, c'est bien qu'elles peuvent être fiables dans certaines circonstances ; certes, en l'occurrence, elles furent corroborées par des preuves d'une autre nature, mais il en va de même des exorcismes suisses, plusieurs de leurs messages ayant été confirmés par des faits et témoignages(4), sans parler des prophéties qui se sont réalisées : la tentative d'assassinat de Karol Wojtyla six mois après un exorcisme ayant annoncé que « Dieu avait le doigt sur la gachette Â», les tremblements de terre d'Assise, la fausse béatification de l'antipape Jean-Paul II...

 

Quant aux possédées de Loudun, citons le témoignage du Père Jean-Joseph Surin : « M. l'Intendant, voyant que les accusations du Démon étaient toujours contre Grandier et contre d'autres complices, tant hommes que femmes, pour être proche de l'Exorcisme fit conduire Grandier à Loudun, où il pratiqua une prison fort exacte, et après plusieurs interrogatoires et confrontations des Religieuses, qui disaient avoir vu plusieurs fois ledit Grandier la nuit dans le couvent à heure indue, il reçut un ordre du Roi d'assembler quatorze juges de divers Présidiaux voisins, comme Poitiers, Angers, Tours, Orléans, Chinon, la Flèche, et autres. Cette Cour étant composée, M. de Laubardemont y présidant, les Démons dirent les marques que Grandier avait sur son corps, lesquelles furent vérifiées. Son procès fut fait et parfait, et par la voix de tous les juges il fut déclaré convaincu du maléfice donné aux Religieuses ; et bien qu'il persista toujours à nier le crime de Magie, quoiqu'il en avouât plusieurs autres, et surtout d'avoir composé un livre contre le Célibat des Prêtres, qui se trouva écrit de sa main dans son coffre, il fut néanmoins condamné à être brûlé vif dans la ville de Loudun : ce qui fut exécuté, étant toujours assisté des Religieux. Â»

 

1 Du moins, les démons ne peuvent mentir lors des possessions expiatoires, qui sont une sous-catégorie des possessions non-coupables ; sinon la mission divine en serait totalement contredite.

 

2 Le triomphe du Saint-Sacrement, histoire de Nicole de Vervins, Cahiers Scivias, imprimatur 1863.

 

3 Comme nous l'avons expliqué en citant l'abbé Maître, une prophétie réalisée suppose une autorité divine.

 

4 Cas des révélations des exorcismes sur les apparitions d'Heroldsbach.

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