top of page

Les preuves théologiques (dogmatiques)

La survie du Saint-Père fait l’objet d’une certitude de trois natures :

de foi ecclésiastique (I), de foi catholique (II), et de foi divine (III).

 

La certitude de foi ecclésiastique résulte de l’acceptation pacifique de Paul VI par l’Église universelle, en 1963. Tous les manuels de théologie enseignent que l’élection valide du Souverain Pontife donne lieu à un fait dogmatique, qui constitue une certitude de foi ecclésiastique, en tant que fait connexe à une vérité révélée : l’infaillibilité pontificale. En effet, si le Pape est détenteur du charisme de l’infaillibilité, son élection elle-même doit faire l’objet d’une certitude de foi (et non d’une simple certitude humaine), autrement nul ne serait assuré de savoir si l’occupant du Siège apostolique est réellement détenteur de ce charisme (car nul ne saurait s’il a été validement élu ou non) ; or, le signe que Dieu nous donne de la certitude de l’élection (et donc de la légitimité du Pape), c’est l’acceptation pacifique du Pape par l’Église universelle : il est impossible que toute l’Église ou presque reconnaisse comme pape quelqu’un qui ne l’est pas. Donc à partir du moment où il l’a été (dès l’année de son élection), on est certain que son élection est valide et que le conclave était régulier (ou que ses défauts ont été effacés et surmontés par l’acceptation universelle). A contrario, lorsque l’élu d’un conclave n’est pas accepté pacifiquement par l’Église universelle, il est certain que cela ne peut pas être un pape légitime.

 

Avant de prouver pourquoi et comment l’acceptation pacifique de Paul VI par l’Église universelle constitue une preuve de sa survie, il est nécessaire de faire une légère digression…

I - Une certitude de foi ecclésiastique :

L’acceptation pacifique de Jean XXIII et Paul VI

 

Jean XXIII et Paul VI ont été acceptés par toute l’Église : dans l’année de leur élection, personne ou presque ne contestait sérieusement qu’ils fussent papes. Au contraire l’antipape Jean-Paul II et ses successeurs ont été élus dans un contexte où la réforme liturgique existait déjà, avec le schisme entre modernistes et « traditionalistes ». Donc une partie notable de l’Église (la plus saine en réalité) ne les a pas reconnus comme papes, car les lefebvristes ont fondé leurs propres séminaires (en particulier celui d’Ecône), Mgr Lefebvre a sacré ses propres évêques sans la permission de l’antipape (Karol Wojtyla), et les prêtres ont célébré la Messe tridentine, refusant la réforme liturgique. Des dizaines de milliers de fidèles ont suivi Mgr Lefebvre et les autres évêques traditionalistes, dans le monde entier. Ce groupe n’a contesté ni la primatie pontificale (au contraire de Luther et Calvin), ni les enseignements de l’Église ; au contraire, ils s’en sont réclamé. Il s’agit donc bien d’un refus d’obédience (l’occupant du Vatican étant un antipape), et non d’un schisme.

 

1) Quelle est la différence entre un refus d’obédience et un schisme ?

 

Certains se poseront la question suivante : comment distinguer le cas des schismatiques (anglicans, « orthodoxes »…), de celui du refus d’obédience ? En d’autres termes, comment l’acceptation pacifique du Pape peut-elle être un critère ? Si une secte quelconque refuse d’obéir au Pape, y-a-t-il rupture de l’acceptation pacifique ?

 

La réponse est simple et se trouve dans le contexte. Tous les schismatiques et hérétiques nient la primatie pontificale : luthériens, calvinistes, anglicans, « orthodoxes », et même la secte des « vieux catholiques ». Tandis que dans le cas qui nous occupe (celui des catholiques dits « traditionalistes »), ils ne nient pas la primauté romaine, ni aucun des dogmes catholiques. Le refus d’obédience, pour l’essentiel, a été causé non pas par Vatican II, mais par la réforme liturgique, qui a provoqué un déclin de la foi indéniable observé jusque dans les milieux profanes : les statistiques sont claires, c’est depuis la réforme liturgique que les églises sont désertées par les fidèles. Or, est-il possible qu’un pape légitime promulgue une liturgie nuisible à la foi, ou qu’il s’abstienne de l’abroger ? Non. Mais comment est-il possible, en même temps, qu’un pape légitime (Paul VI), accepté par toute l’Église, ait promulgué une telle Messe ? La réponse est qu’il ne l’a pas promulguée, et le document du nouvel ordo Missae est un document falsifié, comme je le prouve dans mes ouvrages ; ce faux est la résultante de l’infiltration de la Curie romaine par la franc-maçonnerie, qui remonte aux années 30 (et qui s’est aggravée sous Jean XXIII et plus encore sous Paul VI). Certains diront : « Paul VI a approuvé publiquement le nouvel ordo lors d’un discours, précisant bien qu’il remplaçait l’ancien » ; mais ce discours a été prononcé par son sosie !

 

En revanche, Karol Wojtyla et ses successeurs ont été élus dans un contexte où le nouvel ordo existait déjà ; et ils n’ont rien fait pour l’abroger. Or, le fait qu’ils n’aient pas été acceptés pacifiquement par toute l’Église prouve qu’ils sont des antipapes. Les catholiques fidèles, constatant les méfaits objectifs de la réforme liturgique, ont refusé leur obédience pratique à l’antipape Jean-Paul II et à ses successeurs. Tel est le signe infaillible que Dieu nous a donné de l’absence d’acceptation pacifique de ces derniers. Paul VI est donc le dernier pape accepté pacifiquement par toute l’Église ; mais pourquoi est-ce le cas ?

Le Pape Paul VI, dernier pape légitime et dernier couronné de la tiare

2) L’acceptation pacifique de Paul VI : signe infaillible de sa survie

 

La succession apostolique étant perpétuelle (comme l’enseigne Pastor Aeternus du concile Vatican I), cette perpétuité se manifeste par la volonté de l’Église d’élire le plus vite possible le successeur du pape régnant, dès que ce dernier meurt. Les vacances, souvent courtes, n’ont jamais excédé trois ans et demi (pour la plus longue) ; et quelle que soit leur durée, toujours, l’Église manifeste cette volonté d’élire le prochain pape (tel fut le commentaire du Père Goupil à propos de Vatican I). Or, pourquoi n’y-a-t-il eu aucun pape accepté par toute l’Église depuis Paul VI ? Tout simplement parce qu’il est encore en vie, ce qui fait obstacle à toute élection valide, et à l’acceptation subséquente, par l’Église universelle, de tout élu.

 

3) Une objection irrecevable : la bulle de Paul IV

 

Contre le fait dogmatique de l'acceptation pacifique du Pape par l'Église universelle, certains sédévacantistes invoquent la bulle de Paul IV : ils prétendent que selon cette bulle, il est possible qu'un antipape soit accepté par toute l'Église. Rien n'est plus faux : Paul IV dit seulement qu'il est possible que tous les CARDINAUX (et non pas toute l'Église, ni même tout le clergé romain), acceptent un antipape. En réalité, la bulle est très claire : elle fait référence à la prestation d'obéissance rendue à lui [au Pape] par tous (praestitam ab omnibus obedientiam) ; or cette expression désigne une cérémonie qui se déroule dans la chapelle Sixtine juste après l'élection du Pape, et durant laquelle les cardinaux lui prêtent obéissance.

 

 

Cette vidéo montre des images d'archives de la cérémonie d'obédience des cardinaux lors de l'élection du Pape Paul VI :

LIEN

II - Une certitude de foi catholique :

L'indéfectibilité de l'Église universelle et de l'Église particulière de Rome

 

L'Église catholique est le Corps Mystique du Christ. Contrairement à la Synagogue, qui était temporaire, elle est pour sa part éternelle, et jouit des promesses divines : « les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle ». En tant que telle, elle possède des propriétés inaltérables, résumées dans le Credo : Une, Sainte, Catholique, Apostolique, et Romaine. L'unité et l'apostolicité de l'Église impliquent qu'elle se conserve toujours, quelles que soient les circonstances, dans ses caractéristiques immuables. Contrairement à une idée reçue dans le monde de la tradition (chez les laïcs ignorants et même chez certains prêtres), il est donc impossible que l'Église soit dénaturée, même pour une période très brève.

 

1) La perpétuité de la succession apostolique

 

Le Concile Vatican I, dans sa constitution Pastor Aeternus, enseigne que la succession apostolique est perpétuelle : elle ne peut être interrompue. Le Père Goupil a commenté cette constitution en précisant qu'il devait au moins subsister la faculté d'élire le prochain pape. Mais qui détient cette faculté ? Il s'agit du clergé romain, c'est-à-dire des cardinaux et de quelques autres prêtres du diocèse de Rome (il importe peu ici de les détailler). Ceux-ci doivent tous posséder une juridiction, qu'ils détiennent du dernier pape défunt. D'où le fait que durant les vacances (on appelle ainsi les périodes d'interrègnes), aucun évêque ne puisse être nommé. Certains l'ont été par exception (lors de vacances exceptionnellement longues), mais dans ce cas ils ne possèdent pas de juridiction, et ne peuvent donc pas participer à l'élection du Pape.

 

Il est impossible que la faculté d'élire le Pape disparaisse ; autrement dit, les électeurs valides existeront toujours, QUELLES QUE SOIENT LES CIRCONSTANCES (certains sont têtus, donc nous insistons). La succession apostolique est LÉGALE, CERTAINE, et ININTERROMPUE : elle est comme un feu qui, une fois allumé, ne peut s'éteindre ; sinon on ne pourrait le rallumer. Toujours, les électeurs habilités élisent le Pape, qui transmet la juridiction à son clergé ; et le clergé romain acquiert la faculté d'élire le prochain Souverain Pontife. Cette transmission de l'autorité et du pouvoir électif ne souffre aucune rupture : elle est d'institution divine, et fondée sur le roc.

 

Louis-Hubert Remy et ses amis sédévacantistes (catholicapedia, notamment), qui croient que le Pape Pie XII est le dernier pape légitime, ont inventé l'idée que le prochain pape serait élu suite à une intervention divine, consistant dans une nomination directe par Saint Pierre réapparaissant sur la terre. Cette fable relève de l'hérésie, car comme le dit l'encyclopédie américaine New Advent, « nulle mission nouvelle ne peut naître ». Sur ce point, Mgr Sanborn a raison. La succession apostolique est de nature légale, et non charismatique ; de surcroît, une telle intervention divine équivaudrait à l'institution d'une nouvelle Église.

 

La prétendue prophétie sur laquelle se fondent ces sédévacantistes, attribuée à Anna-Maria Taïgi, présente toutes les marques de l'inauthenticité, comme l'a prouvé notre frère. Mais quand bien même elle serait vraie, ELLE ÉVOQUE DES CARDINAUX, ce qui suppose une élection légale. Il n'est pas impossible que Saint Pierre se manifeste miraculeusement pour désigner l'élu d'un conclave ou la personne à acclamer ; ce qui est impossible, c'est qu'il n'y ait aucune élection subséquente par les cardinaux ou autres membres du clergé romain. Or, le sédévacantisme aboutit nécessairement à une telle situation, même dans sa forme guérardienne.

 

Voir l'article du 1er avril 2016 sur overblog  :

2) L'indéfectiblité de l'Église universelle et de l'Église locale de Rome

 

La succession apostolique est liée à la question plus large de l'indéfectiblité de l'Église. On peut dire que la succession épiscopale sur le Siège de Pierre est permanente (ininterrompue), PARCE QUE l'Église est indéfectible. Or, de même, l'Église particulière de Rome est indéfectible, PARCE QUE l'Église universelle l'est.

 

Pour dire les choses clairement, l'élection du Pape étant liée au clergé romain, si l'Église locale de Rome n'était pas indéfectible, l'Église universelle ne le serait pas non plus. Le Concile de Constance, lors de la condamnation de Jean Huss, a rappelé la doctrine de l'infaillibilité de l'élection du Pape, qui était déjà enseignée par le magistère ordinaire universel, c'est-à-dire par l'unanimité morale des théologiens. Si l'élection du Pape n'était pas infaillible, le Pape lui-même ne serait pas infaillible, car le choix de l'élu n'offrirait aucune garantie d'inerrance : pas d'élection certaine, pas de règle de foi certaine.

 

Dans la situation actuelle, les cardinaux et membres du clergé romain restants ne détiennent aucune juridiction ordinaire d'un pape légitime, accepté par l'Église universelle. Depuis Paul VI, nous savons qu'aucun occupant du Vatican n'a été accepté pacifiquement par toute l'Église ; donc tous ceux qui ont prétendu succéder à Paul VI sont illégitimes. D'ailleurs, ils laissent s'appliquer dans les diocèses du monde entier une liturgie nuisible à la foi, dont la nocivité n'échappe pas même à certains athées                      ; donc il est indéniable qu'ils ne peuvent pas être papes. Nous savons que Paul VI, lui, n'a jamais approuvé cette liturgie : non seulement son acceptation pacifique l'exclut, mais des témoins l'ont confirmé (Louis Bouyer, Mgr Basile Harambillet, Mgr Martin,etc.). Le document de 1969 est un faux, et c'est le sosie qui a déclaré que la nouvelle messe était obligatoire, à l'occasion du discours consistorial du 24 mai 1976.

 

S'il n'existe plus aucun membre du clergé romain qui détienne sa juridiction ordinaire d'un pape accepté par l'Église universelle (et donc légitime) - ce qui est le cas aujourd'hui - alors la seule sauvegarde de l'indéfectibilité de l'Église romaine (et plus largement de l'Église universelle), c'est la survie du dernier pape accepté par toute l'Église (Paul VI), qui est le chef du clergé romain, capable par là-même de créer des cardinaux, leur conférant une juridiction qui rend possible la perpétuation de la succession apostolique. DONC il est certain que le Pape Paul VI est toujours en vie, infailliblement.

 

Un pape en exil demeure le chef du diocèse de Rome, et ses cardinaux demeurent des membres du clergé romain. La papauté en exil, l'Église ne cesse pas d'être romaine. Cependant, lorsqu'un pape nomme des cardinaux en secret, in pectore, les noms de ces cardinaux doivent être rendus publics avant sa mort : faute de quoi ils perdent leur titre, et plus grave, sont privés de la faculté d'élire le prochain pape. Car l'Église n'est pas une institution occulte, comme l'est la franc-maçonnerie : ses oeuvres paraissent au grand jour, en tant qu'institution publique (critère permanent de la visibilité de l'Église) et DIVINE. DONC il est certain que non seulement le Pape Paul VI est toujours en vie, mais qu'il RÉAPPARAÎTRA, et que lors de sa réapparition, il nommera publiquement les cardinaux qui éliront le prochain pape.

 

Le Saint-Père pourra très bien recommander son successeur à l'élection des cardinaux ; mais l'élection DEVRA avoir lieu.

Michel Onfray

III - Une certitude de foi divine :

Les prophéties de l'Apocalypse

 

Les vérités dites « de foi divine » sont celles qui sont contenues dans les Saintes Écritures. Mais dans le cas qui nous occupe, pour que les prédictions annonçant le retour du Pape Paul VI dans l'Apocalypse fassent l'objet d'une certitude de foi divine assurée, il faudrait que l'Église se prononçât infailliblement en décrétant une fête liturgique universelle associant les versets concernés à la réapparation du Pape Paul VI. Donc nous concédons que cette certitude de foi divine ne sera définitivement assurée et ne pourra être connue que lorsque la discipline universelle de l'Église aura sanctionné de son autorité nos interprétations de l'Apocalypse.

 

Voici le lien vers notre article dédié à cette question :

Bulle de Paul IV
bottom of page