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LA VISIBILITÉ DE L'ÉGLISE

Dans notre ouvrage La survie de Paul VI : une certitude de foi, nous avions introduit le sujet de la visibilité de l'Église ainsi :

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« Qu'est-ce que la visibilité de l'Église ? Il convient de se référer, une fois de plus, à l'excellente encyclopedie catholique New Advent : « En déclarant que l'Église du Christ est visible, nous voulons dire, premièrement, qu'en tant que société elle sera toujours publique et visible, et que deuxièmement, elle sera toujours reconnaissable parmi les autres groupes comme l'Église du Christ. Ces deux aspects de la visibilité sont décrits respectivement comme la visibilité « matérielle » et « formelle » par les théologiens catholiques. La visibilité matérielle de l'Église implique seulement qu'elle soit toujours de profession publique, et non privée : une société manifestée au monde, et non un groupe dont les membres sont liés par un engagement secret. La visibilité formelle va au-delà. Elle implique qu'en tout temps, la vraie Église du Christ soit reconnue facilement pour ce qu'elle est, comme la société divine du Fils de Dieu, détenant les moyens de salut offerts à l'homme par Dieu ; et qu'elle possède certains attributs qui supposent une origine divine si évidente que tous ceux qui la voient doivent savoir qu'elle vient de Dieu ».1 Ensuite, l'encyclopédie mentionne la question de l'ignorance invincible, du déni, de l'aveuglement spirituel, de l'orgueil humain... Puis elle caractérise avec plus de précision l'aspect formel de la visibilité de l'Église : « la visibilité formelle est attachée à ces attributs générallement qualifiés de 'notes' de l'Église : son Unité, sa Sainteté, sa Catholicité, et son Apostolicité ».

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« Ainsi, il est clair que selon l'encyclopédie, la visibilité de l'Église doit être à la fois matérielle et formelle ; et le caractère formel exige la présence des quatre notes susmentionnées, ce qui est logique. Or, l'Église moderniste, dans laquelle l'abbé Ricossa fait consister la hiérarchie matérielle, présente-elle ces notes ? Il est évident que non, et lui-même le reconnaît : c'est la raison pour laquelle il n'a jamais su répondre aux objections relatives à la visibilité de l'Église, pratiquant la fuite en avant lorsqu'on les lui soulevait. Une hiérarchie uniquement matérielle peut-elle constituer une Église formellement visible ? Non. Une Église visible uniquement matériellement peut-elle constituer l'Église de Jésus-Christ ? Non plus : car elle n'est ni Une, ni Sainte, ni Catholique, ni Apostolique. Il faut ajouter qu'une succession épiscopale purement matérielle ne permet pas d'assurer une visibilité formelle : pas de succession formelle, pas de visibilité formelle ; or, cette dernière est exigée, et en permanence : sans quoi il n'y a plus d'Église. »

1 Joyce, G. (1908). The Church.

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Ci-dessous, la tiare du Pape Paul VI...

S.S. PAUL VI est le dernier pape à avoir porté la tiare,

parce qu'il est le dernier pape légitime de l'Église !

Les sédévacantistes guérardiens affirement que l'Église hiérarchique n'existe plus qu'en puissance, matériellement ; or, si tel était le cas le critère de la visibilité de l'Église ne serait plus rempli, car il n'y aurait plus d'Église formellement  visible ; donc le guérardisme est une hérésie. La hiérarchie ecclésiastique doit être toujours visible, quelles que soient les circonstances ; elle doit être reconnaissable et publique.

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Un guérardien nous a adressé l'objection suivante : si PAUL VI est exilé (comme nous l'affirmons), vivant et caché aux yeux des hommes, il doit néanmoins demeurer en communion avec le corps qu'il régit ; or tel n'est pas le cas. En vérité, cette affirmation est fausse : PAUL VI est resté en communion avec le reste de la hiérarchie ecclésiastique authentique, comme le prouve cet article que nous avons publié sur overblog le 4 mai 2016 :

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Le guérardien Jean-Paul Bontemps, dans le forum sédévacantiste foicatholique.cultureforum, a publié le 26 janvier un sujet intitulé "l'Église aurait-elle aujourd'hui un pape inconnu et caché ?" ; et il prétend réfuter cette idée. L'un de ses arguments, déjà plus digne de réponse que ceux qu'il nous a cités, est que le Pape ne peut pas être séparé du corps qu'il régit. J.P Bontemps cite un article du Père Marie-Dominique Bouix, de la Revue des sciences ecclésiastiques, paru en 1868, qui affirme notamment que : "Un royaume ne périt pas à la mort du roi ; mais il périt si, du vivant du roi, les sujets se séparent de lui. Ainsi l'Église périrait et les portes de l'enfer auraient prévalu contre elle, si, du vivant du vrai Pape, la généralité des évêques et des fidèles se séparaient de lui."

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En vérité, ce dont M. Bontemps ne s'aperçoit pas, c'est que non seulement notre position théologique est en pleine conformité avec l'enseignement du Père Bouix, mais que la sienne, elle, est en contradiction avec cet enseignement (comme nous allons le voir)...

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L'Église enseigne qu'il est impossible qu'un antipape soit accepté par toute l'Église : car la tête serait séparée du corps, l'Église enseignante serait séparée de l'Église enseignée (et donc l'Église ne serait plus UNE). Une fois que l'acceptation est réalisée, elle est irrévocable : elle vaut une fois pour toute. Autrement dit, à partir du moment où un pape a été accepté universellement, il est certain qu'il est légitime.

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Ce que dit le Père Bouix, c'est qu'il est impossible que toute l'Église ou presque se sépare de son chef légitime ; et nous le confessons et admettons pleinement. Dans notre ouvrage "La grande apostasie de Vatican II et le Pape en exil de Fatima", nous avons déjà évoqué cette question, anticipant l'objection que nos adversaires pourraient soulever contre nous.

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Lorsque la Fraternité Saint Pie X a été fondée, elle l'a été sous le règne de Paul VI, par son approbation canonique (ou plus précisément celle de l'évêque du lieu, qui était sous l'autorité du Saint-Père) ; cette approbation n'a depuis jamais été validement révoquée, car la révocation ne vient pas du pape légitime, mais du sosie. Il existe donc un lien canonique entre Paul VI et la Fraternité Saint Pie X, confirmé lors du sacre des évêques d'Ecône, quand le Pape Paul VI a donné son mandat pontifical en vue des sacres. Pour ceux qui ignoreraient l'existence de ce mandat, je vous renvoie à cet enregistrement audio où Mgr Lefebvre en personne avoue avoir reçu ce document :

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Le son est très mauvais car l'enregistrement a été effectué par Bonaventur Meyer, semble-t-il le long d'une route, probablement en cachette. J'ai appliqué un débruitage, qui supprime les grésillements mais créé en contrepartie ces parasites que l'on entend. Ce sont des catholiques bretons qui m'ont transmis cet enregistrement : jusqu'à maintenant personne ne l'avait publié ! Malheureusement ce n'est pas le seul document dans ce cas !

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Dans cet enregistrement, il est vrai que Mgr Lefebvre doute de la survie de Paul VI : il rapporte l'existence de cette lettre de mandat, mais sans y ajouter foi d'une manière invincible ; il dit : "mais j'y crois plus ou moins, parce que je ne sais pas si le Pape Paul VI vit." Cependant, Mgr Lefebvre ne se moque pas non plus. Par ailleurs, qui d'autre aurait envoyé cette lettre au prélat français ? Je vois mal Bonaventur Meyer s'amuser à de telles puérilités blâmables et sacrilèges ; c'était un homme digne et zélé pour la gloire de Dieu.

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Mais revenons à nos moutons : actuellement, Paul VI est-il séparé de son peuple, les membres sont-ils séparé de la tête ? Aux yeux du corps oui, mais aux yeux de l'âme non : car le lien canonique qui unit le Saint-Père à ceux qu'il régit existe toujours : la Fraternité Saint Pie X a persévéré dans ce lien, en ne se soumettant pas aux autorités illégitimes du Vatican. Certains objecteront : "les prêtres de la Fraternité citent le nom de Bergoglio au canon de la Messe." C'est vrai, mais comme je l'ai déjà expliqué, selon l'enseignement des théologiens, la reconnaissance du pape est à la fois théorique et pratique ; or, si la Fraternité cite le nom de Bergoglio au canon, en revanche, elle ne lui obéit pas. En vérité, elle reconnaît davantage Paul VI, car elle demeure dans le lien canonique qui l'unit à lui.

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Les évêques de la Fraternité Saint Pie X jouissent d'une juridiction ordinaire. Les sédévacantistes nient l'existence de cette juridiction actuellement et prétendent eux-mêmes n'avoir aucune juridiction ordinaire, mais ils ne se rendent pas compte que sans juridiction ordinaire, il n'y a plus d'Église. Le Pape Pie IX et tous les manuels de théologie enseignent que l'Église enseignante et la juridiction ordinaire ne peuvent pas disparaître : sans quoi l'Église n'est plus formellement visible, et la succession apostolique s'éteint (ce qui est impossible). Sur ce point (comme sur d'autres), le dénommé Jean-Paul Bontemps ne nous a pas répondu, et serait bien incapable de le faire...

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Je le dis et je le répète, le lefebvrisme et le sédévacantisme (y compris sous sa forme guérardienne) se résument en une seule hérésie : la négation de la permanence de l'Église enseignante (ou de son caractère effectif).

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Lorsque je fréquentais encore le prieuré de Faverney, je me souviens que le Père Joseph Marie essayait d'expliquer ce genre de situation en disant qu'à partir du moment où un fait se produisait, alors il était possible. C'était une manière d'imposer le sédévacantisme aux fidèles, en le décrivant comme un état de fait, constatable à chaque instant ; or, un état de fait ne peut pas contredire la doctrine catholique... Si la théorie qu'on défend est telle qu'elle contredit la doctrine catholique dans ses conséquences pratiques, alors cette théorie est fausse ; et ce que l'on présente comme un état de fait est en réalié qu'une vision erronée du réel.

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